au bord de la Saône
Lun 2 Jan - 14:30
Le peintre, par l'embrasure de la fenêtre, doit voir la jeune fille.
Perché sur son escabeau, il la surplombe. Du blanc dégouline sur ses mains.
Elle, la jeune fille, n'est pour lui qu'un visage flou, bientôt oublié. Qu'un petit corps ramassé sur lui-même, une petite tâche, un peu d'encre.
Elle se détache, le temps de quelques minutes, peut-être une heure, de la masse indifférenciée des jeunes filles.
Elle est le visage perdu dans les flots, comme absorbé.
Il rabat un pan de la grande fenêtre. Se noie dans l'ombre, l'obscur selon les yeux de la jeune fille, pour en ouvrir une autre, de fenêtre. Légèrement. Et puis, regarder à la dérobée.
Épier, ce qui se donne à voir.
Ce qui voudrait être oublié.
L'argent étincelant, qui vibre au rythme des vaguelettes. Le vert foncé qu'il cache, et sublime.
C'est ce qui l'apaise. Son regard se calme, et n'est plus que cet amas liquide. Un peu d'eau entre deux rives de béton, construites par la main de l'homme.
L'écrivain, son audace quand il compose et donne à voir ce qui se meut, maintenant sur du papier.
Presque de l'impudence, puisqu'il clame, par le seul fait d'écrire, la supériorité (du moins la légitimité) de sa pensée que colore la fiction.
La jeune fille admire cette audace.
Elle se décourage pourtant bien vite. Elle oublie ce flot qui coule en elle ; et qui attend sa main pour être transcrit.
Il a le pouvoir de vociférer - elle aussi.
Le peintre ne la regarde plus.
Petit point fondu dans le décor.
Bientôt, l'heure de partir.
le 17-10-09, Lyon
Perché sur son escabeau, il la surplombe. Du blanc dégouline sur ses mains.
Elle, la jeune fille, n'est pour lui qu'un visage flou, bientôt oublié. Qu'un petit corps ramassé sur lui-même, une petite tâche, un peu d'encre.
Elle se détache, le temps de quelques minutes, peut-être une heure, de la masse indifférenciée des jeunes filles.
Elle est le visage perdu dans les flots, comme absorbé.
Il rabat un pan de la grande fenêtre. Se noie dans l'ombre, l'obscur selon les yeux de la jeune fille, pour en ouvrir une autre, de fenêtre. Légèrement. Et puis, regarder à la dérobée.
Épier, ce qui se donne à voir.
Ce qui voudrait être oublié.
L'argent étincelant, qui vibre au rythme des vaguelettes. Le vert foncé qu'il cache, et sublime.
C'est ce qui l'apaise. Son regard se calme, et n'est plus que cet amas liquide. Un peu d'eau entre deux rives de béton, construites par la main de l'homme.
L'écrivain, son audace quand il compose et donne à voir ce qui se meut, maintenant sur du papier.
Presque de l'impudence, puisqu'il clame, par le seul fait d'écrire, la supériorité (du moins la légitimité) de sa pensée que colore la fiction.
La jeune fille admire cette audace.
Elle se décourage pourtant bien vite. Elle oublie ce flot qui coule en elle ; et qui attend sa main pour être transcrit.
Il a le pouvoir de vociférer - elle aussi.
Le peintre ne la regarde plus.
Petit point fondu dans le décor.
Bientôt, l'heure de partir.
le 17-10-09, Lyon
- guien
- Messages : 2
Date d'inscription : 01/01/2017
Re: au bord de la Saône
Mar 3 Jan - 21:41
Des mots qui chantent et enchantent. Mam
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